BURUNDI - Actualité (1990-1996)

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République du Burundi

En février 1991, après un référendum triomphal pour le gouvernement, une Charte d’unité nationale est édictée. En novembre, une nouvelle vague de massacres menace les avancées démocratiques mais n’empêche pas un projet de Constitution pluraliste d’être massivement adopté en mars 1992. Le Hutu Melchior Ndadaye est élu président au suffrage universel en juin 1993; son parti, le Front pour la démocratie au Burundi (Frodebu, hutu), remporte 64 des 81 sièges de la nouvelle Assemblée. En signe d’apaisement, M. Ndadaye nomme la Tutsi Sylvie Kinigi Premier ministre.

M. Ndadaye et 6 autres députés sont assassinés en octobre 1993; S. Kinigi parvient à garder le pouvoir, mais les violences ethniques se déchaînent, provoquant la fuite de 800 000 personnes dans les pays voisins. L’Assemblée nationale modifie en janvier 1994 la Constitution pour élire à la présidence le Hutu Cyprien Ntaryamira. Dirigé par le Tutsi Anatole Kanyenkiko, le gouvernement s’ouvre largement à la principale force d’opposition, l’Union pour le progrès national (Uprona, tutsi), et à quelques autres formations. Le 6 avril, C. Ntaryamira et Juvénal Habyarimana (président hutu du Rwanda) meurent dans un accident d’avion.

Le 10 septembre 1994, la majorité présidentielle hutu et l’opposition tutsi concluent une convention de gouvernement qui prévoit l’attribution à l’opposition de 45 p. 100 des postes ministériels dont celui de Premier ministre. Les 13 et 14, des affrontements opposent, à Bujumbura, l’armée à majorité tutsi à des extrémistes hutus hostiles à l’accord. Le 30, les autorités se trouvant dans l’impossibilité d’organiser un scrutin au suffrage universel, l’Assemblée élit à la tête de l’État son président, Sylvestre Ntibantunganya, hutu, qui assurait l’intérim depuis le mois d’avril. Le 3 octobre, celui-ci reconduit dans ses fonctions le Premier ministre A. Kanyenkiko qui forme un gouvernement de coalition. En décembre, une crise politique ébranle le gouvernement à la suite de la nomination, contestée par les Tutsi, du Hutu Jean Minani à la présidence de l’Assemblée nationale. Celui-ci est finalement remplacé. Le 21, après 3 jours de violences interethniques meurtrières dans la capitale, le Premier ministre instaure le couvre-feu.

Le 15 février 1995, le Premier ministre A. Kanyenkiko démissionne, sous la pression de l’Uprona qui estime qu’il ne représente pas assez la minorité tutsi. Le 23, le chef de l’État le remplace par Antoine Nduwayo, membre de l’Uprona. Le 11 mars, le ministre hutu de l’Énergie et des Mines, Ernest Kabushemeye, est assassiné à Bujumbura. Le 13, l’ancien maire tutsi de la capitale, Lucien Sabuku, est enlevé. Son corps supplicié est retrouvé le 15. À la fin du mois, les violences entre extrémistes hutu et tutsi provoquent des centaines de morts à Bujumbura que de nombreux habitants fuient. Le 7 juin, l’armée donne l’assaut aux quartiers hutu de la capitale pour en déloger les rebelles armés. L’opération fait des dizaines de victimes civiles. Le 19 août, le Zaïre commence à expulser les Burundais et les Rwandais réfugiés sur son sol. Il suspend ses expulsions le 24 après avoir reçu des assurances de la part du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés au sujet de la reprise de la campagne de rapatriements volontaires.

Le 25 juin 1996, lors du sommet des chefs d’État de la région des Grands Lacs, en Tanzanie, le président Ntibantunganya demande une assistance militaire étrangère afin d’endiguer la dégradation de la situation dans son pays.

Le 20 juillet, alors que les violences interethniques sont quotidiennes, 300 Tutsi sont tués dans un camp abritant des personnes déplacées, à Bugendana. Le 23, lors des obsèques des victimes, le président Ntibantunganya est pris à partie et doit se réfugier dans les locaux de l’ambassade des États-Unis à Bujumbura.

Le 24 juillet, l’Uprona dénonce la convention de gouvernement conclue avec le Frodebu et qualifie de «haute trahison» la demande d’aide étrangère formulée par le chef de l’État. Le 25, l’armée constate la «démission de fait» du chef de l’État – qui n’a toutefois pas officiellement abandonné le pouvoir – et désigne comme président par intérim le major tutsi Pierre Buyoya. Les institutions sont suspendues. La communauté internationale condamne le putsch.

Le 31 juillet, le major Buyoya nomme le Hutu modéré Pascal-Firmin Ndimira (Uprona) au poste de Premier ministre en remplacement d’A. Nduwayo. Un gouvernement d’union nationale sera formé le 2 août.

Le 31 juillet également, les chefs d’État d’Afrique centrale et orientale réunis en Tanzanie dénoncent le putsch. Ils décident de fermer leurs frontières avec le Burundi et de lui imposer des sanctions économiques.

Le 30 août, le Conseil de sécurité de l’O.N.U. adopte à l’unanimité la résolution 1072 qui accorde 2 mois aux putschistes pour engager des négociations avec l’opposition.

Le 12 septembre, alors que les effets de l’embargo se font sentir et que les rebelles hutu accentuent leur pression sur la capitale, le gouvernement rétablit le Parlement et autorise de nouveau le fonctionnement des partis politiques.

Si le Burundi, frappé par la chute des cours du café (qui représente 75 p. 100 de ses ressources en devises), s’est montré un bon élève aux yeux du F.M.I. jusqu’en 1993, les troubles de 1994 ont réduit considérablement l’activité économique.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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